Une refonte réglementaire sème l’inquiétude à Saint-Calixte

Jardin du Vieux Verbal

©Photo gracieuseté

Alexandre Vaillancourt et sa conjointe ont donné naissance au Jardin du Vieux Verbal, où ils produisent environ 75 % de leur consommation de fruits et légumes et plus de 50 % de leur consommation de viande.

Lorsque Alexandre Vaillancourt et sa conjointe ont fait l’acquisition d’une propriété de la rue du Vieux Verbal à Saint-Calixte en 2018, c’était notamment pour le potentiel que leur offrait les lieux d’éventuellement y aménager une fermette et démarrer leur petite entreprise de production maraîchère dans le but d’atteindre l’autonomie alimentaire et d’écouler les surplus auprès de la communauté. Mais aujourd’hui, une refonte réglementaire fait de l’ombre à leur projet.

Passionné par la culture de la terre, le couple produit la grande majorité des produits alimentaires qu’il consomme. Sur leur terrain, une surface de 10 000 pieds carrés est consacrée à leur consommation personnelle, en plus d'exploiter environ un acre pour la vente de légumes et de fruits. À l’heure actuelle, seuls 10 à 20 % de la production du Jardin est vendue à des connaissances de la famille ou à des concitoyens.

S’il aspire dans un premier temps à l’autosuffisance, le rêve d’Alexandre est néanmoins beaucoup plus grand. Avec le Jardin du Vieux Verbal, le Calixtien souhaite partager avec sa communauté sa passion pour l’agriculture de faible nuisance, sans engrais de synthèse ni pesticide, bonne pour la santé et pour l’environnement.

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Au Jardin du Vieux Verbal, on pratique l’agriculture de faible nuisance; respectueuse de l’environnement et de la faune.

Rêve en péril

Or, au moment où M. Vaillancourt entame des démarches pour planifier l’avenir de son projet, il est surpris d’apprendre que des modifications aux règlements d’urbanisme de la municipalité s’apprêtaient à mettre en péril son droit de produire et de vendre des légumes chez lui. « Au moment de l’achat, j’ai fait mes devoirs. Je me suis renseigné à propos du projet que j’avais en tête et tout était correct », mentionne Alexandre Vaillancourt en entrevue avec L’Express Montcalm.

En fait, pour répondre aux exigences du nouveau schéma d’aménagement et de développement révisé de la MRC de Montcalm entré en vigueur en 2019, la municipalité de Saint-Calixte devait revoir son plan d’urbanisme et, par le fait même, les règlements qui y sont inclus. Les règlements en voie d’être adoptés viendraient restreindre les usages agricoles en dehors des zones agricoles. « À ce jour, le règlement nous donnait accès aux usages A et B du groupe agricole en zone villégiature », explique M. Vaillancourt.

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Terre nourricière

Le propriétaire du Jardin du Vieux Verbal déplore qu’en retirant ces droits aux Calixtiens qui se trouvent majoritairement en zone villégiature, la municipalité faillit au rôle important qu’elle pourrait jouer pour encourager l’autonomie alimentaire et se positionner comme territoire nourricier à l’instar, par exemple, de la municipalité voisine de Chertsey qui a adopté une politique de village nourricier pour un meilleur accès à une nourriture saine et locale. « On ne revendique pas de devenir une zone agricole, tempère M. Vaillancourt. Cependant, on aimerait que la municipalité puisse créer des opportunités pour faciliter le processus vers l’autonomie alimentaire. Chertsey en est un bon exemple. D’autant plus qu’il s’agit d’un territoire très similaire à Saint-Calixte. »

Si la refonte entre en vigueur telle que présentée, cela signifiera entre autres la fin des petites fermes maraîchères, de l'apiculture, des fermes d'élevage spécialisé, des pépinières et de la culture en serre en dehors de la zone agricole.

En plus du Jardin du Vieux Verbal, à la connaissance de son propriétaire, au moins six autres familles calixtiennes exploiteraient des projets semblables à leur domicile. Dans un souci de protéger son plan d’avenir, mais également les intérêts de toutes les personnes susceptibles de subir les contrecoups de ces modifications au plan d’urbanisme, Alexandre Vaillancourt a lancé une pétition signée par plus de 4 000 personnes dans les dernières semaines.

La municipalité à l’écoute

Une consultation publique organisée dans la foulée des modifications aux règlements d’urbanisme a rassemblé près de 200 personnes à l’hôtel de ville de Saint-Calixte le 6 mars. Plusieurs citoyens étaient présents en soutien à la cause de M. Vaillancourt. « Je tire beaucoup de positif de cette rencontre. Je n’ai que de beaux échanges avec la ville jusqu’à maintenant », assure malgré tout le porte-voix des adeptes d’autosuffisance. Lors de cette rencontre où la MRC de Montcalm était aussi représentée, la municipalité de Saint-Calixte s’est montrée ouverte à ce que les droits acquis des propriétaires actuels sur les usages de leur terrain soient respectés.

« Les citoyens ont soulevé des points pertinents et différents changements vont être apportés aux règlements à la suite de cette consultation », a d’ailleurs indiqué la municipalité via ses canaux de communications à la suite de la consultation.

S’il s’agit d’une très bonne nouvelle pour le Jardin du Vieux Verbal, Alexandre Vaillancourt prévient toutefois que la bataille n’est pas terminée. Celui-ci demande qu’un plan soit établi afin de valoriser ce type de projets pour tous ceux qui en démontreront l’intérêt dans le futur. « Inclure l'agriculture à petite échelle, comme nous pratiquons, dans ces règlements, stimulerait l'économie locale et permettrait de promouvoir Saint-Calixte comme étant une municipalité progressive et d'avant-garde pour les gens consciencieux de l'environnement, de l'achat local et d'autosuffisance. »

D’ici l’entrée en vigueur du nouveau plan d’urbanisme, Alexandre Vaillancourt poursuivra ses rencontres et ses échanges avec la municipalité. « Je ne suis pas expert, mais je parle du cœur et de passion », conclut celui qui est déterminé à faire bouger les choses pour faire grandir sa communauté.

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