Société
Retour01 février 2023
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
Valser dans la tempête
Témoignages
©Photo Marie-Christine Gaudreau
Au volant de son véhicule lourd, Réal Leblanc peut à peine apercevoir M. Coursol lorsqu'il se déplace devant son équipement.
Prendre le volant d’un poids lourd n’est pas une mince affaire, et encore moins en hiver. Pourtant, ils sont nombreux, comme Richard Clermont et Réal Leblanc, à avoir le feu sacré. Lorsque le ciel menace, ils montent à bord de leur déneigeuse pour ouvrir la voie à ceux et celles qui doivent prendre la route. Mais, bien que leur présence soit essentielle par mauvais temps, elle en irrite plus d’un. Contre impatience et imprudence, ils valsent dans la tempête.
« Chaque accident est un accident de trop; qu’il soit majeur ou mineur », exprime Réal Leblanc, chauffeur de véhicule de déneigement et agent multiplicateur au Centre de services de Repentigny. En plus de 20 ans de métier à sillonner les voies rapides de la région, M. Leblanc s’estime heureux de toujours avoir su éviter le pire. « Des mésaventures, on essaie qu’il n’en arrive pas. On anticipe beaucoup et si on doit ralentir ou même s’arrêter pour qu’il n’arrive rien, on va le faire. Bien souvent, il y a plus de peur que de mal », affirme-t-il.
Richard Clermont a eu un peu moins de chance. Si sa feuille de route ne dénote aucun incident majeur, le chauffeur qui cumule 30 années de service sur les routes lanaudoises s’est déjà retrouvé en fâcheuse position. Lorsqu’une voiture a tenté de le doubler en hâte avant qu’une voie ne se referme, M. Clermont n’a pu changer de voie à temps. « La voie rétrécissait et la voiture se trouvait toujours là, à ma gauche. À ce moment, j’ai dû choisir entre frapper l’auto ou le lampadaire avec ma pelle… », raconte-t-il. Malgré que les dommages n’aient été que matériels, cet exemple de témérité lui rappelle qu’il doit constamment être en état d’alerte. Et il ne s’agit pas d’un cas isolé. Ce type de situations fait partie du quotidien pour les conducteurs de véhicules lourds.
©Photo Marie-Christine Gaudreau
Malgré l’expérience, conduire un véhicule de déneigement apporte son lot de défis.
Prévoir l’imprévisible
« Les gens sont prêts à tenter tous les moyens pour passer devant un convoi de déneigement », se désole M. Clermont. Et de fait, les deux chauffeurs expérimentés ont maintes fois aperçu des automobilistes tentant de s’infiltrer entre l’aile de leur déneigeuse et le muret, déterminés à passer par-dessus le « banc de neige » pour ne pas attendre derrière. Si certains réussissent leur manœuvre, d’autres, moins chanceux, terminent leur course dans les fossés, signalent les deux hommes.
« Même si on ne peut pas parler avec l’usager à côté, sa conduite va nous en dire long et ça va nous permettre d’adapter notre comportement en conséquence. Il faut observer », ajoute Réal Leblanc. Prévoir l’imprévisible est l’invraisemblable qualité qu’apprennent à développer les routiers au fil des ans.
En dépit de l’expertise et du professionnalisme des conducteurs comme lui et Réal, Richard Clermont est d’avis que le ministère des Transports et la SAAQ doivent en faire davantage pour prévenir les comportements inadéquats. « Un programme permettant aux gens d’accompagner un conducteur de véhicule lourd dans son camion devrait être offert. »
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