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01 février 2023

Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca

Troubles du langage : 60 élèves en voie d’être relocalisés

Cri du cœur

Nadia Ménard, Jeanne

©Photo gracieuseté

Nadia Ménard ne peut concevoir que sa fille Jeanne perdra ce milieu qui la rend si heureuse au quotidien.

L’école de Grand-Pré située à Saint-Jacques accueille depuis toujours les élèves du territoire du Centre de services scolaire des Samares (CSSS) âgés de 6 à 10 ans présentant un trouble développemental du langage sévère tant au niveau expressif que réceptif. Plusieurs des 60 enfants qui fréquentent l’école présentent aussi d’autres diagnostics. Pour ces élèves à besoins particuliers, la formule développée à Grand-Pré fait de petits miracles au quotidien. Pourtant, en dépit du succès observé et de l’appréciation des usagers, le CSSS s’apprête à dépouiller l’école de ses classes langage pour faire place à un projet de classes alternatives.

« Tout le monde est dévasté. Le projet La Récolte est un très beau projet, mais il ne devrait pas se faire au détriment des élèves des classes langage », plaide Nadia Ménard, présidente du conseil d’établissement de l’école de Grand-Pré. Sa fille, Jeanne, 7 ans, a intégré l’école spécialisée de Saint-Jacques cette année. La fillette de Saint-Esprit a connu une année plutôt rocambolesque au préscolaire. Bien qu’il s’agisse d’un milieu merveilleux, l’école primaire Dominique-Savio n’était pas adaptée aux besoins de la petite Jeanne qui devait, plus souvent qu’à son tour, rentrer à la maison avant la fin de la journée, car elle n’était plus disponible pour les apprentissages.

Un cadeau du ciel

Lorsqu’elle a eu l’opportunité d’inscrire sa fille à de Grand-Pré, Mme Ménard était sceptique. Même si elle connaissait l’excellente réputation de l’école, elle craignait que l’ajout de temps de transport ne mine le moral de Jeanne. « C’est le jour et la nuit, s’exclame-t-elle toutefois. Jeanne part avec le sourire et les yeux qui brillent et revient de la même manière tous les jours. » L’idée de devoir tourner la page sur ce véritable cadeau du ciel après seulement une année lui brise le cœur. Et elle n’est pas la seule. À l’aide d’un sondage, Mme Ménard a appelé les autres parents à se prononcer sur cette décision annoncée aux familles par le CSSS en début d’année. Sur les 60 familles, 52 ont répondu. 84 % d’entre elles se sont exprimées en défaveur de la relocalisation des classes langage sur le territoire. En marge de cette consultation, Mme Ménard a reçu de nombreux témoignages de parents, l’implorant de faire en sorte que la vocation de l’école demeure. Malgré la grande distance du domicile pour certains, les bénéfices sont si grands sur le cheminement personnel et académique que le sacrifice en vaut la chandelle.

Jeanne

©Photo gracieuseté

Depuis qu’elle fréquente l’école de Grand-Pré, Jeanne adore se rendre à l’école chaque jour.

Le supplice d’être incompris

« À Grand-Pré, l’ensemble de l’équipe-école est spécialisée et sensibilisée à la clientèle langage, des enseignants aux éducatrices en service de garde, en passant par le concierge. Les élèves bénéficient des services d’orthophonistes à temps plein, puis tous les enseignants sont épaulés par des préposés à l’élève handicapé », explique Mme Ménard. Tous ces acquis seront selon elle mis en péril une fois les élèves relocalisés dans différentes écoles du territoire.

Avec l’immense territoire à couvrir et la pénurie de professionnels que l’on connait dans les écoles, la présidente du conseil d’établissement se permet de douter du plan du CSSS qui assure le maintien de l’ensemble des services pour tous les élèves et même une amélioration de ceux-ci.

« Des problèmes de personnel à de Grand-Pré, il n’y en a pas. Le service étant centralisé au même endroit, les professionnels y obtiennent des postes intéressants à temps plein dans le même établissement. »

En plus des inquiétudes liées aux services, les familles représentées par Mme Ménard redoutent que leur enfant stagne dans leur progression après la relocalisation. Tout comme Jeanne, la fille de Nadia Ménard, plusieurs enfants atteints d’un trouble de langage sévère sont étiquetés avec un trouble de comportement dans les écoles régulières. « Le fait de ne pas parvenir à être bien compris et de ne pas bien comprendre ce qui leur est demandé génère de la colère chez les enfants. À Grand-Pré, les facteurs susceptibles de causer des comportements violents sont éliminés et l’étiquette tombe. »

Entourés de personnel non formé pour intervenir auprès d’eux, les enfants risquent d’être à nouveau confrontés à l’incompréhension, estime la mère de famille.

Jeanne et Nadia Ménard

©Photo gracieuseté

À titre de présidente du conseil d’établissement, Nadia Ménard porte la voix des 60 familles dévastées par l’annonce de la relocalisation de leurs enfants.

Dans l’incertitude

Au Centre de services scolaire des Samares, on confirme le changement de vocation de l’école de Grand-Pré pour septembre 2023. Cependant, on ne peut à ce jour confirmer où les classes langage seront relocalisées. « Les écoles ont été ciblées dans chacune des MRC, mais nous attendons la fin de la période des inscriptions pour officialiser le tout », explique-t-on.

À l’occasion de rencontres d’informations avec les parents concernés, les municipalités de Lavaltrie, Saint-Jean-de-Matha, Joliette, Saint-Alexis et Saint-Calixte auraient été mentionnées.

Outre l’intégration du projet alternatif, La Récolte, l’objectif du CSSS est de dispenser les services langage de manière plus équitable sur tout le territoire des Samares. « La volonté derrière ces réorganisations est d’assurer une continuité dans le parcours scolaire des élèves et de favoriser une intégration harmonieuse le plus près possible du milieu naturel », ajoute l’organisation.

Peu rassurés par ces nobles intentions, les parents restent abasourdis que le couperet soit tombé sur un modèle qui a fait ses preuves auprès d’une clientèle aux besoins particuliers. À quelques jours des réinscriptions pour la prochaine année scolaire, ceux-ci implorent le CSSS de revenir sur sa décision ou, à tout le moins, de proposer une solution graduelle. Les députés provinciaux de Joliette et Rousseau ont d’ailleurs été interpellés à cet effet.

Pour sa part, le Syndicat de l’enseignement de Lanaudière a offert son appui aux revendications, soulevant l’importance de préserver la stabilité et l’expertise de l’équipe au bénéfice des élèves qui parviennent à s’épanouir dans leur milieu dès leur arrivée, après avoir souvent été confrontés à l’isolement et au rejet de leurs pairs en raison de leurs difficultés langagières.

 

Commentaires

27 février 2023

Manon Chamberland

Pourquoi quand ça fonctionne bien avec des enfants avec des besoins particuliers et qu’on permet aux parents d’aller travailler pour subvenir aux besoins de la famille, y il y a toujours quelqu’un ou quelques choses qui détruit tout ça? Très triste cette histoire, cette école permet à des enfants de grandir indépendant et fonctionnel pour avancer dans la vie de tous les jours! Cela aussi permet aux jeunes enfants en devenir, de pouvoir penser à devenir adolescence et à pouvoir réussir à se trouver un emploi à temps partiel durant leurs études pour choisir ce qu’ils aimeront faire comme adultes à leur travail! Alors essayons de continuer la belle chaîne de réussite de tous ses petits miracles qui va devenir enrichissant dans quelques années très proches,

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