« Oreilles sensibles, s’abstenir », avise d’entrée de jeu l’audacieux humoriste qui n’a pas la langue dans sa poche. Si plusieurs de ses numéros sont susceptibles de choquer un public non averti, celui qui s’est forgé une réputation de rocker dénué de sentiments a jugé important de dévoiler l’homme qui se cache derrière le personnage dans son spectacle. « Dans la vie de tous les jours, j’aime créer des malaises en gardant mon sérieux. Sur scène et devant la caméra, c’est un peu la même chose, mais sans aucun filtre et exposant 10 », expose Alex Roof. Il nuance donc en réservant quelques numéros plus doux à son public. Les spectateurs seront transportés d’un extrême à l’autre durant la soirée, allant de la vulgarité, au pur sentimentalisme. L’humoriste ne s’abstient pas de présenter des numéros crus ou d’aborder des sujets tabous, mais il se défend d’être une personne relativement calme dans la vie, contrairement à ce qu’il dégage. « Les gens ont l’impression que je suis sur le party tous les soirs, pourtant il n’est pas rare que je rentre chez moi après un spectacle pour aller travailler sur mes textes ou lire un bon livre avant de me coucher », confie-t-il.

 

Faire son show

Dès l’enfance, Alex Roof s’est découvert une  passion pour faire rire les gens. C’est lors des communications orales à l’école qu’il a développé le goût de la scène et découvert son talent. « J’utilisais ces quelques minutes devant la classe pour être drôle et faire mon show », se rappelle-t-il. Son côté provocateur ne lui a toutefois pas facilité la tâche une fois sur les bancs de l’École de l’humour. À l’époque, l’artiste a eu du mal à se faire accepter des gens du milieu. Dix ans plus tard, Alex Roof se rend compte que ses débuts étaient malhabiles. « Je tombais rapidement dans la facilité en provoquant pour provoquer plutôt que de prendre le temps de trouver des bons gags sur des thèmes qui ultimement vont provoquer », explique l’humoriste.

 

Alex Roof tire son inspiration de Steve-O de Jack-Ass et de Rémi Gaillard pour les caméras cachées. Il avoue reproduire sur scène des situations qui le font lui-même rire au quotidien. « Ça va rejoindre le public de « Pourquoi pas? » et de manière générale, un public qui n’est pas choqué facilement », estime-t-il.

 

Du web à la scène

Lancée en 2014, sa série web « Pourquoi pas? » compte plus de 140 épisodes et dénombre plus de 20 millions de vues au Québec et en Europe. Le concept est simple, il se rend dans divers lieux publics pour jouer des tours et créer des malaises captés par caméra cachée. C’est sous cette bannière que l’humoriste s’est fait connaître du public. Une deuxième série, cette fois sou forme de dessins animés humoristiques sous forme de bulletin de nouvelles, s’est déclinée sur deux saisons. Epic News connaît une grande popularité instantanément et lui vaut une nomination au Gala Les Oliviers en 2015.

 

En 2017, il lance finalement son premier one-man-show qui fait maintenant le tour des salles du Québec depuis deux ans. Il s’agit d’un retour aux sources pour l’humoriste qui a fait beaucoup de scène à plus petite échelle avant de se lancer sur le web.

 

Si Alex Roof se démarque par son audace qui épate, les séries qui lui ont valu tant de succès ont passé à un cheveu de ne jamais voir le jour. En effet, le tournage du premier épisode de la série « Pourquoi pas? » a tourné au cauchemar pour le jeune humoriste. « Je mettais en scène le vol de mon propre véhicule. J’étais habillé tout en noir et je partais au volant de la voiture avec le système d’alarme en marche », raconte Alex Roof. S’il savait qu’il allait semer une réaction auprès des passants, il n’aurait jamais pensé causer une telle commotion. « Quatre voitures de police sont débarquées, j’ai eu des fusils pointés sur moi. On m’a menotté et j’ai passé 12 heures en prison », se remémore-t-il. À la suite du traumatisme, l’humoriste a remis en doute le projet qui est resté sur la glace durant quelques mois avant de prendre d’assaut Internet.