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27 janvier 2018

L'ex-maire de Saint-Roch-de-l'Achigan aurait abusé de sa victime alléguée quand elle venait garder ses enfants

©Photo L'Action - Geneviève Geoffroy

JUSTICE. La victime alléguée de l'ex-maire de Saint-Roch-de-l'Achigan a témoigné, vendredi, au procès de ce dernier, comment il l'aurait embrassé et lui aurait caressé les seins à diverses reprises quand elle venait chez lui pour garder ses enfants.  

Les gestes reprochés à Georges Locas, accusé d'agression sexuelle et de grossière indécence, auraient eu lieu en 1983 alors que la victime alléguée n'avait que 13 ans. À l'époque, a-t-elle raconté au tribunal, elle aurait commencé à garder ses trois enfants à raison d'une fois par semaine, le soir, pour que sa femme et lui puissent aller jouer au bowling.

Selon elle, il arrivait qu'elle aille aussi parfois garder en soirée parce que la femme de Georges Locas avait une activité et que ce dernier devait se rendre au marché central afin de vendre ses récoltes pendant la nuit. Ce serait lors de ces occasions qu'il aurait posé des gestes à caractère sexuel envers elle.

Lèvres sur lèvres

Selon elle, lors de ces soirées, elle avait la tâche de s'assurer que l'accusé était réveillé vers l'heure du coucher des enfants, sinon elle devait aller le réveiller.

Un soir, a-t-elle témoigné, elle serait entrée dans la chambre de Georges Locas à cette fin et se serait approchée du lit. C'est à ce moment qu'il l'aurait empoignée par le bras et l'aurait attirée vers lui pour l'embrasser.

« C'était lèvres sur lèvres, a-t-elle décrit. J'ai figé. J'étais sous le choc, déboussolée […] Ça a duré une ou deux secondes, mais ça a paru l'éternité. »

Gradation

Il y aurait ensuite eu une gradation quant aux gestes qu'aurait posés Georges Locas envers elle.

« À l'occasion, il m'emmenait avec lui dans la salle de lavage sous prétexte qu'il avait quelque chose à me dire. Il fermait la porte. Là, il m'embrassait avec la langue. Je sais qu'à un certain moment donné, il m'a demandé: "J'espère que ma moustache ne te pique pas trop" », a-t-elle témoigné.

Lors de ces occasions, qui seraient survenues entre deux et cinq fois selon elle, Georges Locas lui aurait aussi caressé les seins et l'aurait pris par la taille pour se frotter sur elle.

« Une fois, quand il me caressait les seins, il m'a demandé si j'aimais ça », a-t-elle dit, après avoir affirmé qu'elle avait à l'époque, l'impression que l'accusé voulait toujours aller un peu plus loin.

Dans la voiture

Georges Locas aurait aussi commis des gestes déplacés envers sa victime alléguée à quelques reprises quand il allait la reconduire chez elle après qu'elle ait gardé ses enfants.

Selon cette dernière, « toutes les raisons étaient bonnes » pour qu'il aille la reconduire.

« Il est arrivé qu'il m'embrasse et me flatte la cuisse avant que je puisse rentrer chez moi, a-t-elle dit. Je me sentais mal et honteuse parce que ce n'était pas correct ce qu'il faisait. »

Selon elle, les gestes auraient pris fin quand elle s'est fait un copain, vers l'été 1984.

« Un crotté »

Elle aurait gardé ce secret pour elle jusqu'en 1992, moment où elle en aurait parlé avec son mari de l'époque. Des années plus tard, en 2000 ou en 2001, elle aurait confié à sa mère ce qui se serait produit. Puis, en 2009, elle affirme avoir écrit puis donné une lettre à Georges Locas afin de « transférer le fardeau de culpabilité sur lui ».

« C'est à lui que ça revenait. [La lettre], c'était un sauvetage personnel, a-t-elle dit. Je lui ai écrit que c'était un salaud et un crotté d'avoir utilisé ma naïveté d'enfant. »

L'année suivante, elle aurait mis les trois enfants de Georges Locas au courant de ce qui se serait produit, sans toutefois donner de détails. Ceux-ci ont témoigné, en paroles ou par écrit, que cette rencontre a eu lieu.

Confronté

Tous trois ont affirmé qu'une réunion aurait eu lieu par la suite entre eux, leur mère et leur père au cours de laquelle ils l'auraient confronté sur les gestes qu'il aurait posés.

« Mon père était anéanti, a décrit Annie Locas devant le tribunal. Il nous a clairement dit qu'il avait fait quelque chose de pas correct. Il a pleuré sa vie. Il a dit qu'il ferait n'importe quoi pour lui demander pardon. Qu'il avait pelleté ça par en avant que là, ça le rattrapait. Il a dit qu'il lui était arrivé quelque chose d'inexplicable quant aux sentiments qu'il avait envers elle. »

« Mon père était comme un mur. Il ne disait rien, sauf que ça ne nous regardait pas. Que ça regardait lui et [la victime alléguée], a pour sa part témoigné par écrit la seconde fille de Georges Locas, Virginie Locas. Le lendemain ou le surlendemain, mon père m'a dit qu'il regrettait certains gestes et qu'il était conscient que ça avait pu être mal perçu par [elle]. »

Le troisième enfant et seul fils de Georges Locas, François Locas, a quant à lui témoigné par écrit que son père se disait « désolé » lors de la réunion de famille.

« Il disait qu'il aurait voulu prendre toute sa souffrance sur lui, a-t-il dit. Mon père m'a confié qu'à l'époque il trouvait son comportement spécial, mais qu'en présence [de la victime alléguée], il perdait ses repères. Il se disait après que les gestes étaient peut-être allés trop loin. »

Mauvaises dates

En défense, la femme de Georges Locas, Diane Prud'homme, a témoigné qu'il était impossible que la victime alléguée de son mari ait gardé chez elle avant 1986 parce que d'autres gardiennes s'occupaient des enfants à cette époque.

« Les dates ne concordent pas », a-t-elle dit.

Agendas à l'appui, elle affirmé que Georges Locas et elle ont commencé à jouer au bowling en 1986 et non en 1983, contrairement à ce que la victime alléguée a avancé dans son témoigne. Selon elle, cette dernière ne gardait leurs enfants uniquement que pour cette sortie.

Elle a ajouté qu'il arrivait que son mari ou elle-même aille la reconduire chez elle après qu'elle ait gardé leurs enfants, mais que c'était pour s'assurer qu'elle se rende en toute sécurité.

« Si on allait la reconduire, c'est parce qu'un enfant est mort dans les bras de mon mari avant qu'on déménage [à Saint-Roch-de-l'Achigan] », a-t-elle témoigné, la voix tremblante.

Trop personnel

Diane Prud'homme a ajouté qu'aucune personne qu'elle n'a jamais eu la tâche de réveiller son mari les soirs où il devait se rendre au marché central pour vendre des choux et des carottes.

« J'ai toujours réveillé mon mari, a-t-elle dit. C'est trop personnel. Il n'y avait pas d'occasions. »

Elle a affirmé avoir confronté son mari à la suite de la réception de la lettre de la victime alléguée. Georges Locas lui aurait affirmé qu'il ne serait jamais rien passé entre lui et cette dernière.

« Il m'a dit qu'il avait fait un geste comme un câlin, qu'elle se serait sentie mal et qu'il aurait arrêté. Je lui ai demandé: "C'est ça?" Il m'a répondu qu'il ne voyait rien d'autre », a-t-elle témoigné.

Georges Locas a été arrêté en avril 2016 en lien avec ces crimes sexuels qu'il aurait commis. Il était alors encore maire de Saint-Roch-de-l'Achigan.

Il avait été relâché sous de sévères conditions, dont l'interdiction de se trouver en compagnie de personnes mineures sauf en compagnie d'adultes responsables et au courant des accusations portées contre lui.

Georges Locas a par la suite remis sa démission à titre de maire en novembre 2016. Il avait été élu en 2009.

Il doit témoigner pour sa défense devant la cour en mars prochain lors de la suite de son procès.

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